Parce que l’école ne pouvait plus attendre sous l’ex-titulaire du MENFP, Nesmy Manigat, elle a progressivement perdu son autorité. Aujourd’hui, le nouveau ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, Antoine Augustin, tente de redéfinir les contours de cette autorité à grands coups de menaces verbales.
« L’école doit se libérer de la pression des groupes politiques », déclare le sociologue de formation, tout en précisant que l’année académique 2024-2025 comptera 188 jours de classe, alors qu’il en faudrait plus de 200. Cependant, il recommande de compenser ce manque par des cours de rattrapage. Le professeur d’université, Antoine Augustin, a-t-il oublié que la machine présidentielle, empêtrée dans un scandale de corruption, peine à avancer et ne pourra pas remorquer la barque éducative ? Diriger, c’est prévoir, n’est-ce pas ? Pourtant, le ministre semble ne faire aucune prévision quant aux nouvelles éditions de “peyilok” que pourraient organiser les démocrates haïtiens cette année.
Il est vrai que le ministre Augustin fait face à une situation complexe et que les défis sont nombreux. La pression des groupes politiques, les scandales de corruption et l’instabilité générale du pays rendent sa tâche ardue. Toutefois, cela ne justifie pas un manque de planification à long terme, ni une communication qui semble davantage axée sur l’effet de manche que sur des solutions concrètes.
Quant aux frais scolaires, fixés à 1 500 gourdes dans les lycées, le ministre Antoine Augustin, qui peine à maîtriser son flux verbal, ose, sans enquête préalable, exiger des directeurs qu’ils remboursent aux parents l’argent perçu en excès. Certes, l’intention de protéger les parents d’abus est louable, mais une telle mesure aurait mérité une enquête approfondie avant d’être imposée, afin d’éviter des décisions précipitées qui pourraient aggraver la situation sur le terrain.
Le ministre aurait tout à gagner à accompagner ses déclarations d’actions concrètes et d’une compréhension plus fine des réalités auxquelles font face les établissements scolaires. Malheureusement, Antoine Augustin semble faire partie de cette cohorte d’hommes et de femmes d’État qui, incapables d’accomplir quoi que ce soit pour le pays, ne font que parler pour exister.
Si des mesures plus réfléchies et une meilleure anticipation des crises à venir ne sont pas mises en œuvre, l’éducation en Haïti risque de continuer à s’effondrer. Les discours enflammés ne suffiront pas à redresser la situation, et il est grand temps que des actes concrets viennent suppléer ces mots souvent vains.
RD
