Boston, Massachusetts – Dans une décision saluée par les défenseurs des droits humains, la juge fédérale Indira Talwani a suspendu temporairement, ce mercredi, la révocation des statuts humanitaires de plus de 500 000 migrants bénéficiant du programme mis en place par l’administration Biden. Cette mesure empêche, pour l’instant, leur expulsion du territoire américain.
Cette décision intervient alors que le programme, connu sous le nom de « parole humanitaire », est vivement contesté par plusieurs États dirigés par des Républicains, notamment le Texas. Ces derniers ont déposé une plainte accusant l’administration Biden d’abus de pouvoir, estimant que ce programme contourne les voies d’immigration classiques et représente une charge pour les ressources locales.
Le programme permet à des ressortissants de pays en crise – principalement Haïti, le Venezuela, le Nicaragua et Cuba – d’entrer légalement aux États-Unis pour une période de deux ans, à condition d’avoir un garant sur le territoire. Depuis sa mise en œuvre en janvier 2023, plus de 500 000 personnes ont bénéficié de cette mesure, qui vise à offrir une alternative légale et ordonnée à la migration irrégulière.
Mais cette initiative, bien que saluée par les ONG et de nombreuses collectivités locales, s’est rapidement retrouvée au cœur d’une bataille judiciaire. Le Texas et 20 autres États ont saisi la justice, arguant que ce mécanisme constituait un abus de l’autorité présidentielle et favorisait un « appel d’air » migratoire.
Face à cette contestation, la juge Talwani, siégeant au tribunal fédéral du district du Massachusetts, a choisi de geler temporairement toute action visant à expulser les bénéficiaires du programme. Elle souligne que ces personnes « ont obtenu une autorisation valide d’entrée sur le territoire américain » et que leur statut doit être examiné avec équité, dans le respect des garanties juridiques fondamentales.
Cette décision a immédiatement été saluée par la Maison Blanche. Dans un communiqué, le gouvernement a rappelé que le programme de parole humanitaire faisait partie de sa stratégie globale pour réduire la pression migratoire à la frontière sud tout en offrant une voie sûre et légale à ceux qui fuient la violence et la misère.
Le secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, a déclaré que ce programme « sauve des vies, renforce la sécurité et permet de gérer les flux migratoires de façon ordonnée ». Il a également rappelé que les migrants qui entrent dans le cadre de ce programme ne peuvent pas accéder aux aides publiques fédérales, et doivent être entièrement pris en charge par leur sponsor.
Les associations de défense des droits humains, quant à elles, parlent d’un « répit bienvenu ». Pour Lisa Arroyo, de l’organisation Welcome America, « cette décision redonne de l’espoir à des milliers de familles. Elle montre que la justice peut encore protéger les plus vulnérables face à l’arbitraire administratif et politique ».
Mais la bataille est loin d’être terminée. La suspension prononcée par la juge Talwani n’est que temporaire. Une audience de fond est prévue dans les prochaines semaines, au terme de laquelle le tribunal devra statuer sur la légalité du programme dans son ensemble.
Sur le terrain, notamment à Miami, où une forte communauté haïtienne s’est installée, la nouvelle a été accueillie avec soulagement. De nombreux bénéficiaires du programme travaillent déjà dans la restauration, la construction ou les services de soins. Pour eux, cette décision judiciaire est synonyme de stabilité, de sécurité et de dignité retrouvée.
Dans les États conservateurs, toutefois, le ton reste au durcissement. Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a déclaré que son État continuerait à se battre « contre l’ingérence fédérale » et à protéger ses frontières. Le débat autour de l’immigration, déjà central aux États-Unis, prend une tournure de plus en plus politique à l’approche des élections présidentielles de 2024.
Les Républicains accusent Joe Biden de laxisme et promettent, s’ils reviennent au pouvoir, de démanteler les dispositifs d’immigration créés par son administration. Les Démocrates, eux, plaident pour une approche humaine, contrôlée et conforme aux engagements internationaux des États-Unis.
Pour l’heure, grâce à la juge Indira Talwani, les bénéficiaires du programme Biden peuvent rester sur le territoire américain. Mais leur avenir reste suspendu à une décision judiciaire à venir, et à une campagne électorale où l’immigration sera au cœur des affrontements.