La tragédie de Pont-Sondé, survenue dans la nuit du 3 octobre, marque un nouvel épisode sanglant dans l’escalade de la violence qui frappe le département de l’Artibonite. Cette localité est désormais le théâtre de violences orchestrées par le gang de Luckson Élan, qui impose sa loi par la terreur et l’extorsion. Ce massacre, déclenché par la résistance de chauffeurs locaux aux taxes illégales imposées par le groupe armé, révèle une fois de plus l’impuissance des autorités à contenir les exactions des criminels.
Le mercredi 2 octobre, les tensions étaient palpables. Le refus des chauffeurs de Pont-Sondé de s’acquitter des frais de passage imposés par les bandits a suffi à attiser la colère du chef de gang. Luckson Élan, connu pour sa brutalité, avait déjà prévenu la population que toute résistance serait sévèrement punie. Ce fut le cas. Dès 3 heures du matin, le lendemain, les assaillants ont envahi la ville, semant la mort et la destruction, sans rencontrer la moindre opposition de la part des forces de l’ordre, pourtant présentes à proximité.
Le bilan ne cesse de s’alourdir. Ce massacre n’est pas un événement isolé. Quelques jours plus tôt, le même gang avait perpétré des attaques similaires dans les environs, tuant quatre personnes et incendiant plusieurs maisons. Les habitants de Pont-Sondé, pris en étau entre des groupes armés qui contrôlent les routes et une police nationale sous-équipée, voient leur quotidien sombrer dans la terreur.
Face à ces événements tragiques, la Police nationale d’Haïti (PNH) a annoncé des mesures pour répondre à la situation. L’Unité Temporaire Anti-gangs (UTAG) a été déployée en renfort pour traquer les responsables de ces exactions. Cependant, cette intervention tardive n’efface pas l’impression d’abandon ressenti par les citoyens de Pont-Sondé, qui constatent l’inefficacité de l’appareil sécuritaire national.
Les récents développements dans l’Artibonite mettent en lumière une réalité préoccupante : la multiplication des foyers de violence à travers le pays et la capacité limitée de la PNH à réagir promptement aux attaques. Les renforts, souvent déployés après coup, arrivent trop tard pour prévenir les massacres. Il est impératif que les autorités haïtiennes et la communauté internationale prennent la pleine mesure de l’urgence sécuritaire qui menace non seulement l’Artibonite, mais l’ensemble du pays.