Dener Ceide

Dener Ceide naît à Cherettes, une localité de Saint-Louis du Sud en 1979. Artiste dans l’âme,

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Pas même un pas en avant!

Pas même un pas en avant!

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Uni FM, 102.7.- Le 28 juillet 1915, des troupes militaires américaines ont foulé le sol haïtien. Ce, à la faveur d’un conflit politique persistant. Les américains s’installent et prennent le contrôle du territoire. Le calme est rétabli. Les opposants à cette occupation sont maîtrisés. Un affront pour les nationalistes, une victoire pour une frange de la population qui souffrait de cette instabilité politique. C’était la fin du règne des coups d’État en série. On se rappelle bien de Jean Baptiste Conzé. « Conzé », le fameux qualificatif haïtien pour dénoncer les traîtres !

Cent sept (107) ans après, beaucoup d’Haïtiens croient que les Américains sont encore là. Dans la cuisine politique. Le sang coule dans nos rues. Nos quartiers populaires sont en guerre. Le crépitement systématique d’armes automatiques trouble notre sommeil. Il hante également notre quotidien. Nos jeunes meurent noyés par dizaines dans la mer des Caraïbes. Des compatriotes en situation illégale sont rapatriés par centaines. Et, pas toujours dans de meilleures conditions. Dans les familles, les gens ne savent plus à quel saint se vouer. Haïti, est en train de vivre une crise sans précédent. La gouvernance est catastrophique. Un problème de leadership criant persiste dans ce pays.

Depuis la chute des Duvalier, on ne fait qu’accumuler des évènements regrettables. Tout est en chute libre. La seule chose qui a prospéré, ce sont les hommes politiques. Les renégats. Les opportunistes. Les activistes politiques. Les imposteurs. Ces gens qui sautent sur la première occasion qui se présente. Ces hommes qui vivent de l’instabilité politique. Ces profiteurs dont le discours et l’action se contredisent.

Tous veulent se proclamer leaders. Il y a autant de leaders que de partis politiques. On dirait même, plus de leaders politiques que de partis. Des leaders sans programme. Des meneurs sans vision. Juste des imposteurs qui cherchent à tirer leur épingle du jeu. Des gens qui tiennent un discours dépassé. Celui de « rache manyòk ».

En termes de progrès, on reste bloqué depuis trois décennies. On ne fait qu’appliquer la politique du pire en pratiquant une interminable guerre de dénigrement. Chacun peut faire mieux pendant qu’il est en dehors du pouvoir. Les conséquences sont fatales. Les institutions régaliennes sont démantelées. Trois transitions en vingt ans. Deux interventions militaires étrangères en moins de trente ans. Un Président assassiné au pouvoir. La liste de nos mésaventures est longue.

Les hommes au pouvoir comme ceux de l’opposition ne s’inquiètent guère du pourrissement de la situation. Ariel Henry dispose de la garantie de la communauté internationale pour rester au pouvoir. L’opposition est en attente d’un feu vert de cette même internationale. Dommage pour un pays qui se dit indépendant.La misère qui sévit en Haïti n’est qu’un prétexte pour eux d’arriver à leurs fins. Ils sont convaincus que la population est résiliente. Qu’elle est tolérante. Qu’elle peut rebondir. Comme disait l’autre : « naje poun soti » ; «Gadem nan je map gadew nan je ».

Sur ce point, ils ne se trompent pas. La population est satisfaite du peu comme de rien. C’est l’asphyxie sociale. L’État ne représente plus ce qu’il était autrefois ou ce qu’il devrait être en théorie. Le tissu social se déchire. La maison est en feu. Il y a urgence dans la demeure. Combien de Conzé nous faudra-t-il encore avant de sortir de cette impasse? Combien de générations d’imposteurs nous faudra-t-il attendre pour enfin voir émerger une nouvelle classe soucieuse du bien-être de la population ? Mais, vu la conjoncture, Ariel Henry et consorts sont loin d’être les derniers des mousquetaires.

Lenz Beth Ferlyn Alparète

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